Le discours lucide du coach de Ouest Aveyron

Premier de la poule F en Régional 3 et toujours invaincu, Ouest Aveyron réalise un début de saison parfait. Un départ prometteur que son entraîneur, Romain Issaly, préfère toutefois relativiser. Son mot d’ordre : assurer le maintien le plus vite possible.
J’ai la chance d’avoir un groupe jeune, à l’écoute et impliqué. On a surtout axé la préparation sur l’aspect psychologique, pour faire comprendre aux garçons qu’il fallait élever le niveau d’exigence. J’ai beaucoup insisté sur deux piliers : la technique et l’athlétique. Ce sont les bases sur lesquelles j’ai appuyé tout le travail. Sur le plan tactique, cela fait cinq ans que nous évoluons ensemble. Les joueurs connaissent mes principes, même si cette division repose énormément sur les transitions. On a cherché à consolider nos repères sans bouleverser notre identité.
Oui, c’est gratifiant, forcément. Mais je suis quelqu’un d’assez exigeant… On m’appelle souvent “l’insatisfait de la vie”, parce que je trouve toujours un détail à corriger. Cela dit, je suis vraiment satisfait de notre solidité défensive. Nous n’avons encaissé que deux buts, et sur deux erreurs d’inattention entre la défense et le gardien. C’est une vraie fierté de voir que l’équipe reste compacte, rarement mise en danger. Maintenant, j’attends de nous voir face aux équipes du haut de tableau pour confirmer tout cela.
Le premier vrai test aura lieu d’ici quinze jours contre Biars, puis face à Marivalois, une équipe en pleine confiance après sa montée. Il y a aussi Cazes, qui s’est bien renforcé et dont je connais le coach — quelqu’un avec de bons principes de jeu. On y verra plus clair en décembre, avec des confrontations face à des équipes solides comme Montauban ou Albi. Les mois de novembre et décembre vont être déterminants pour la suite. L’objectif est clair : se stabiliser rapidement dans le top 5-6 et assurer le maintien au plus vite.
Pas du tout. Aujourd’hui, la priorité, c’est de développer la formation et de renforcer le pôle jeunes. C’est ce qui fera la force et la pérennité d’Ouest Aveyron. Encore hier à l’entraînement, j’ai intégré trois U17 au groupe seniors. C’est ce travail-là qui m’intéresse. On n’a pas les infrastructures pour viser plus haut aujourd’hui : on s’entraîne l’hiver sur un terrain mi-herbe, mi-synthétique, avec des moyens limités. Le club reste avant tout familial et convivial.
On a compris qu’il valait mieux prendre des points dès maintenant plutôt que courir après en fin de saison. L’an dernier, on a un peu joué sur la suffisance. On sortait d’une dynamique de montée, et inconsciemment, on a cru que la D1 et la R3, c’était similaire. On s’est vite rendu compte que le niveau d’exigence était tout autre. Cette saison, les garçons ont pris conscience de ce qu’il faut pour exister à ce niveau : de la rigueur dans les courses, dans la technique, dans les coups de pied arrêtés. Aujourd’hui, je privilégie les joueurs assidus et disciplinés à ceux qu’on voit une fois sur deux. C’est une question de cohérence et de respect du groupe.
Clairement : des infrastructures. Le club compte environ 250 licenciés pour seulement trois terrains, dont deux éclairés. C’est peu pour travailler dans de bonnes conditions. On avance avec ambition, mais aussi humilité. Je ne fixe pas de limites à mon groupe, mais je veux qu’on reste travailleurs, disciplinés et rigoureux. Je n'ai jamais parlé de montée à mon groupe, ça c'est clair, net et précis. Le vrai défi, c’est de continuer à progresser, à se structurer et à faire grandir le club dans la durée.