Luzenac se relèvera
Bon dernier de la poule D en Régional 2, Luzenac n'y arrive pas. Aucune victoire, 52 buts encaissés pour seulement un inscrit, le club ariégeois est proche de l'effondrement, miné par une série de défaites, un effectif décimé et le départ de dirigeants épuisés. Dix ans après avoir été privé de Ligue 2, le club lance un appel à l’aide et s’accroche à l’espoir de ne pas voir s’éteindre une histoire qui a fait vibrer toute une région.
Printemps 2014. Luzenac, mené par Nicolas Dieuze, Jérôme Hergault ou encore Ande Dona Ndoh, réalise l’une des plus belles performances de l’histoire récente du National. Sous la houlette de Christophe Pélissier, le club termine deuxième du championnat, décroche sportivement sa montée en Ligue 2, et déjoue tous les pronostics. L’histoire est belle, presque irréelle : un village de 600 habitants devient un symbole national de réussite. Une épopée légendaire, encore gravée dans la mémoire des supporters et amoureux du football amateur.
Mais la joie fut de courte durée. Alors que la montée est officiellement acquise sur le terrain, la LFP et la DNCG estiment que le stade Paul-Fédou n’est pas aux normes. Une solution est pourtant trouvée : disputer les matchs à Ernest-Wallon, l'antre Stade Toulousain. Malgré cela, les instances refusent la montée, invoquant des éléments réglementaires et financiers. Une véritable bataille juridique fait rage entre les instances et le club ariégeois. Luzenac finit par obtenir gain de cause au Tribunal Administratif, mais trop tard : la Ligue acte définitivement son refus et le club est écarté du monde professionnel. Une injustice ressentie comme un coup fatal. Dix ans plus tard, la cicatrice est toujours ouverte. Luzenac est dans les bas fond de la R2.
On dit souvent qu’un club ne meurt pas tant qu’il reste quelqu’un pour en défendre les couleurs. Luzenac traverse la nuit, mais une nuit n’est jamais éternelle. Tant que des bénévoles s’accrochent, tant que des supporters espèrent, tant qu’un enfant enfile un maillot rouge-et-bleu quelque part en Ariège, alors le LAP est toujours vivant. Les clubs ne disparaissent pas : ils se relèvent, se réinventent ou renaissent différemment. Luzenac n’a peut-être plus de souffle, mais il a encore une âme et c’est parfois tout ce qu’il faut pour repartir. De Grenoble à Strasbourg en passant par Le Mans, l’histoire montre que les clubs peuvent tomber très bas avant de se relever. Luzenac a une âme, un passé et peut encore en être un nouvel exemple de renaissance.
Hier soir, sur ses réseaux sociaux, le LAP a publié un communiqué d’une profonde sincérité. Un texte fort où le club revient sans détours sur son état actuel et ses difficultés.
Le communiqué de Luzenac
"Il est difficile d’écrire ces lignes, mais il est surtout important d’être honnête avec tous ceux qui aiment le club. Le Luzenac Ariège Pyrénées traverse aujourd’hui l’une des périodes les plus sombres de son histoire. La défaite 18–0 de ce week-end en est un symbole brutal : aucune victoire depuis le début de la saison, un effectif réduit, trop peu expérimenté, des joueurs qui s’en vont, et même des dirigeants qui quittent le navire, épuisés… Tout cela laisse malheureusement penser que le club est peut-être en train de vivre ses derniers jours. Et pourtant, Luzenac, c’est bien plus qu’un classement ou une série de résultats. C’est un club qui aurait dû connaître la Ligue 2. C’est un club qui a fait vibrer toute une région. C’est un club qui a vu passer des joueurs et des entraîneurs qui restent gravés dans la mémoire des supporters, des hommes qui ont porté nos couleurs avec courage, fierté et passion. Depuis cet épisode douloureux qui nous a privés d’une accession historique, malgré l’énergie et la bonne volonté de ceux qui se battent pour maintenir le club en vie, la pente n’a jamais cessé de se raidir. Aujourd’hui, nous voulons simplement dire merci. Merci à ceux qui, dans la discrétion ou dans la lumière, se sont manifestés pour nous soutenir. Merci à tous ceux qui continuent de croire en nous, malgré les résultats, malgré la situation. Votre fidélité est peut-être la dernière force qui nous reste. Si certains souhaitent nous aider, de près ou de loin, sachez que nous sommes à l’écoute. Que ce soit en temps, en compétences, en ressources ou simplement par un message de soutien, chaque geste compte. C’est ensemble, et seulement ensemble, que nous pourrons espérer donner un dernier souffle ou, qui sait, un nouvel élan à ce club que nous aimons tous. Luzenac n’est pas encore éteint. Tant qu’il restera des gens pour y croire, l’histoire n’est pas finie."